dimanche 8 janvier 2012

L'Abissinia

Les travaux duraient depuis plusieurs mois, les rumeurs et démentis couraient sur la date d'ouverture... Enfin ! Le fameux restaurant éthiopien du quartier du fleuve, dont je vous avais parlé ici, est désormais ouvert. Un endroit à tester et à suivre... 



Malgré plusieurs repas pris à l'Abissinia, j'ai hésité à écrire un billet dès maintenant : le restaurant est ouvert depuis seulement un peu plus de 15 jours, et certains aspects (fluidité du service notamment) sont encore en rodage. Cependant, devant l'impatience de certains de mes lecteurs (que pourrais-je te refuser, à toi, public ?), j'ai résolu d'écrire quelques mots, qui doivent être lus en gardant à l'esprit qu'il s'agit d'un endroit nouveau, et une cuisine jusqu'ici quasiment absente des restaurants de Bamako, donc entièrement nouvelle pour le personnel.

Ces précautions préliminaires exposées, entrons dans le restaurant.

La première vraie réussite de l'Abissinia, c'est son décor, d'un charme éblouissant, notamment le soir. L'entrée, qui attirait l'oeil des passants impatients depuis plusieurs semaines depuis la rue, ouvre sur un patio qui abrite des tables et plusieurs salons. Le centre du patio accueille un brasero, accessoire indispensable à la cérémonie du café, sur les braises duquel sont jetés des herbes et de l'encens. Les éclairages sont doux et indirects.


A l'intérieur, l'éblouissement continue. Malheureusement, l'unique photo que j'ai prise ne reflète pas bien l'originalité et le raffinement de la décoration, dont le point d'orgue est une superbe table dont le pied est fait d'une grande et belle souche d'arbre.


A la carte, une surprise : finalement, chacune des versions qui circulaient sur la nature de la cuisine qui serait servie dans ce restaurant avait sa part de vérité, puisque c'est à la fois de la cuisine éthiopienne et des spécialités espagnoles que l'on peut déguster à l'Abissinia. Association qui peut paraître inattendue, liée à l'histoire du jeune couple qui a créé l'établissement.

Ainsi, en entrée ou à partager à titre de tapas, du fromage espagnol (fort bon), du jambon ibérique, de la tortilla... En plat principal, outre les plats traditionnels éthiopiens, le restaurant propose, le mardi et le vendredi, une paella.

A côté de ces spécialités, on trouve des plats plus classiques, tels qu'un filet de capitaine ou des pâtes.

Au final, la carte est donc relativement fournie et bien équilibrée. Chacun devrait y trouver son compte.

Côté service, on sent une vraie exigence, et les serveurs "seniors" forment les plus jeunes à un service de tradition européenne. En revanche, l'attente est longue, et le service manque de fluidité et de naturel, mais on espère que cela se résoudra avec le temps.

Maintenant, le coeur du sujet : l'assiette.

Et l'assiette, en gastronomie éthiopienne, se mange : il s'agit de la fameuse injera, faite de farine de teff (millet) fermentée. Traditionnellement, plusieurs mets sont disposés sur cette galette, dont on découpe des morceaux à la main pour saisir les morceaux de viande ou de légumes.


Très souvent, les restaurants éthiopiens proposent de grandes injeras que l'on partage à plusieurs, mais à l'Abissinia, les injeras sont individuelles, ce que je trouve dommage, car la convivialité n'est pas la même... Ce serait bien d'avoir le choix. Une suggestion à faire aux patrons ? 

Les plats eux-mêmes sont servis dans des récipients en terre individuels, dont certains intègrent un mini-brasero. L'idéal est d'en commander plusieurs, avec un assortiment de légumes, et de partager. 



Verdict ? Certains plats de viande fricassée (gored gored, zil zil tibs), quoique bien préparés, ont des saveurs très classiques et ne sont pas réellement remarquables, au contraire des plats en sauce, qui sont délicieux. La sauce, souvent relevée, imprègne l'injera, ce qui décuple son potentiel gustatif... 

Le misir be siga (viande de boeuf dans une sauce aux lentilles), en particulier, vaut le détour, mais le dorowoot (poulet en sauce aux oignons) se défend bien également.  

A noter que la carte propose également des vins de terroir espagnol, peu connus mais de qualité.  

En conclusion, bien qu'encore en cours de mise au point pour cause d'ouverture très récente, l'Abissinia propose un cadre raffiné, et une cuisine de qualité et rare à Bamako, qui donnent envie de l'essayer et de le réessayer et de suivre son évolution dans les prochains mois. 

L'Abissinia est situé au quartier du fleuve, dans la même latérite que le Café du fleuve et le Sukhothaï, juste à côté de celui-ci. Tél. : 20 22 05 70. Fermé le lundi.
Budget : 

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